samedi 30 août 2014

Joseph Losey aime peindre les losers.


EvaThe Servant
























The Servant (Dirk Bogarde) 1964, Eva (Jeanne Moreau) 1962
Prenez un décor stylé et luxueux, à Londres ou à Venise, et regardez déchoir le personnage au centre du décor, regardez le perdre le contrôle et la place centrale. Ejecté de son statut, de son univers, de sa personne. The Servant, majordome-serviteur-homme à tout faire, prend le contrôle de la maison et de la personne du jeune aristocrate, à coup de manipulations et de relation perverse. 
Eva, objet inaccessible de passion amoureuse, détruit l'écrivain en vue, chouchouté par le cinéma et les gens du monde. Le pouvoir corrosif du Servant et d'Eva décapent le vernis jusqu'à faire fondre le décor : le monde du lord et celui de l'écrivain s'effondrent, et eux avec. Leur personnage s'avilit et se délite sous le regard (goguenard) du maître du jeu. Et toujours, en arrière plan du couple dominant-dominé, une femme aimante et sincère qui ne fait pas le poids.
Mais ce qui est complexe et inquiétant dans The Servant est caricatural dans Eva. Jeanne Moreau a beau être très séduisante, promener avec grâce ses beaux yeux et ses longues jambes, faire des effets de cheveux soulevés et de déshabillé vaporeux, cette histoire de Femme et de pantin a vieilli. Alors que la relation entre Dirk Bogarde et son maître est plus trouble, sa progression subtile, l'ambiance plus oppressante.
Eva a mal vieilli, mais qu'est-ce que c'est beau à regarder. Chaque plan mérite un arrêt sur image.


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