Lawrence Valin. Quel monde étrange que cette communauté tamoule dominée par un chef mafieux, Aya, habités par l'idée de soutenir, à coup de rackett, les rebelles séparatistes du Sri Lanka. Michael, d'origine tamoule, a été élevé loin de tout ça par sa grand-mère à Clermont-Ferrand, il est devenu flic, et il est chargé par la DGSI d'infiltrer cette mafia du quartier Stalingrad à Paris. Tout le monde a vu des images et des films de mafia et d'infiltré, mais ici tout a l'air nouveau et dépaysant. On a l'impression de voir un film neuf sur un sujet éculé. Des bandes rivales, de la castagne, des règlements de compte, des motos, des bagnoles, des amours contrariées, du trafic de migrants, et pour ancrage, un incroyable squat-usine. Sans oublier le culte catholique à la sauce locale, les costumes ébouriffants, sorte de "streetwear" haut en couleurs et motifs survitaminés, comme le rap du crû, comme le rythme d'ensemble, sous haute tension, bourré d'adrénaline et de testostérone. Là-dessus, l'infiltré Michael atterrit dans ce monde qui aurait pu être le sien s'il n’avait pas été élevé dans les valeurs de la république. Il s'intègre aux fêtes, aux sociabilités, aux magouilles de ceux qui auraient dû/pu être sa famille, son clan, ses frères, son univers. Sa solitude d'infiltré confrontée à la cohésion d'une communauté et à la tentation d'une appartenance impossible. Pas assez blanc pour les blancs, pas assez tamoul pour les tamouls. C’est une plongée fascinante dans un impitoyable exotisme urbain.
La Chambre de Mariana, Emmanuel Finkiel : un forme histoire d'amour entre deux êtres qui n'ont qu'eux à aimer dans un monde de brutalité, vénalité, sauvagerie, cupidité, trahison... Toute la bassesse humaine s'arrête à la porte du réduit où Mariana cache l'enfant juif, sanctuaire défendu par la prostituée fidèle à l'amitié et à la promesse faite à la mère d'Hugo. Un monde clos d'où l'enfant écoute le bruit du monde et construit peu à peu l'étrange réalité qu'il devine à travers les interstices de la cloison, les sons, les voix, un espace minuscule qui grandit peu à peu au fil des informations glanées dans la chambre de Mariana puis au-delà (la fenêtre, l'escalier...) et lui fait progressivement cesser d'être un enfant. Mélanie Thierry se révèle lumineuse, attachante, rayonnante dans ce merdier (au scénario relativement prévisible) D'après un roman d'Aharon Appelfeld.